Une voix courageuse qui brise le silence
- ac0913
- 2 juin
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La semaine dernière, l’ASFNB a eu l’honneur d’assister à une présentation inoubliable donnée par Colette Martin, une activiste et survivante de violence conjugale. Dès ses premiers mots, le silence s’est installé dans la salle :
« Bonjour à tous. Je m’appelle Colette Martin. Je suis une survivante de violence conjugale… et aujourd’hui, je suis une guerrière. »
Avec une force impressionnante, Colette a raconté son histoire. Elle a remercié l’ASFNB et l’équipe de l’avoir invitée, soulignant combien il est important de donner une voix à celles qui ne peuvent plus parler – les survivantes, les disparues, les femmes que nous avons perdues ici même, au Nouveau-Brunswick et partout au Canada, en 2025.

Des faits troublants
Colette a partagé des statistiques choquantes qui démontrent l’ampleur du problème :
Au Canada, une femme est tuée par son partenaire toutes les 36 heures.
Le Nouveau-Brunswick détient le taux le plus élevé de violence conjugale signalée à la police les maritimes.
Plus de 85 % des victimes d’homicides conjugaux signalés à la police sont des femmes.
70 % des décès surviennent dans les petites villes ou régions rurales.
2 femmes sur 3 tuées au N.-B. vivaient avec l’accusé.
Et ce qui est encore plus troublant, c’est le manque d’accès à l’information : « Le Nouveau-Brunswick est la province où il est le plus difficile d’obtenir des données sur les meurtres-suicides. Et sans données, comment pouvons-nous changer les choses? »
Une histoire de survie et de courage
Colette nous a partagé l’événement traumatisant qui a bouleversé sa vie. Son histoire s’est déroulé plusieurs années antérieurs, mais c’est toujours aussi pertinent. Colette avait laissé un partenaire abusif depuis un bon moment, mais il ne l’a laissait pas tranquille. Un soir, après avoir refusé les avances insistantes de son ex-partenaire, elle a senti un malaise. Elle a appelé sa cousine pour passer la nuit chez elle, par précaution.
Puis, en pleine nuit, un fracas. Elle s’est retrouvée face à l’homme qu’elle avait aimé, tenant un couteau et lui disant : « Ce soir, tu vas mourir. »
La suite est très troublante et peut être vu dans un cauchemar inimaginable : coups de couteau, gorge tranchée, tentative de meurtre devant son enfant endormi. Grâce à son instinct, à sa force, et à la présence de sa cousine, elle a survécu. « Ce soir-là, j’ai vu mes artères dans le miroir. C’est une image que je n’oublierai jamais. »
Mais le pire ne s’est pas arrêté là. À l’hôpital, un médecin l’a accueillie avec jugement et froideur, qui a continué son traumatisme : « Les choses comme ça, ça n’arrive pas aux bonnes filles. » Ça démontre le manque de compassion que trop de victimes vivent au quotidien.
La violence conjugale, ce n’est pas toujours ce qu’on pense
Colette nous rappelle que la violence ne prend pas toujours la forme de coups. Elle peut être :
Psychologique : critiques constantes, isolement, humiliation.
Verbale : menaces, insultes, ton intimidant.
Financière : contrôle de l’argent, interdiction de travailler.
Sexuelle : coercition, viol, absence de consentement.
Physique : coups, blessures, enfermement.
La violence peut se glisser insidieusement dans une relation, jusqu’à ce que la victime doute de sa réalité.
Des ressources pour briser le cycle
Si vous vivez une situation de violence ou si vous vous inquiétez pour quelqu’un:
SOS Violence Conjugale – 1 800 363-9010 sosviolenceconjugale.ca
Info-Social 811 – Intervenants disponibles 24/7
Maisons d’hébergement – Informez-vous localement
Parler est un acte de courage. Écouter sans juger, c’est être un allié.
Une survivante devenue militante
En décembre 2022, grâce à son travail acharné et à sa résilience, Colette a contribué à l’adoption du projet de loi 17 au Nouveau-Brunswick, connu aussi sous le nom de loi Colette : un droit de savoir si un partenaire a un passé violent. Une avancée majeure pour la sécurité des femmes.
« Ce projet de loi, je l’aurais voulu à l’époque. Mon ex avait déjà fracassé la mâchoire d’une ancienne conjointe. Je l’ai appris à mon procès. J’aurais pu faire un choix éclairé. »
Un appel à l’action
« Je suis ici pour faire une différence. Je vais changer le monde, un cœur à la fois. Mais j’ai besoin de vous. Parce que c’est ensemble qu’on peut accomplir une mission aussi grande. »
La violence conjugale n’a pas de visage typique. Elle touche toutes les classes sociales, tous les milieux, toutes les cultures. Elle ne devrait pas être un secret honteux. Ce qui est honteux, c’est notre silence collectif.
« J’ai survécu. J’ai été entendue et je suis ici pour dire à celles qui se taisent encore : il y a de l’espoir. Il y a des ressources et surtout, il y a des gens prêts à vous croire. »
Ensemble, brisons le silence.
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